Démographie
CARACTÉRISTIQUES SOCIO-DÉMOGRAPHIQUES DE LA COMMUNE 3.1.1. L’évolution de la population
La population de la commune de Niangoloko a connu une évolution sous l’effet de deux facteurs majeurs : le croît naturel et les mouvements migratoires. Suivant les différents recensements généraux et administratifs effectués, l’évolution de la population entre 1975 et 2006 se présente comme suit :
Tableau 4 : Evolution de la population de la commune de Niangoloko de 1975 à 2006
Années | 1975 | 1985 | 1996 | 1998 | 2004 | 2006 |
Effectifs | 14 499 | 21 051 | 31 351 | 30 190 | 48 838 | 54 138 |
Sources : INSD/RGPH 1975, 1985, 1996, 2006, PCD 2004-2009
Le taux de croissance de la population a évolué de 5,48% entre 1975 et 1985, de 2,71% entre 1985 et 1996, de 1,15% entre 1996 et 1998, de 6,33% entre 1998 et 2004.
Au dernier Recensement Général de la Population et de l’Habitation (RGPH) en 2006, la population était estimée à 54 138 habitants dont 26 845 hommes et 27 293 femmes répartis dans 4 116 ménages (pour la ville de Niangoloko) et 4 876 ménages (pour les 15 villages rattachés). La population était composée d’une proportion de femmes légèrement élevée, soit 50,41% de la population et était répartie dans 8 992 ménages. La population de la commune représentait environ le quart de la population totale de la province de la Comoé (soit 26,27%) et le cinquième de la population de la région des Cascades (soit 20,02%) comme l’indique le tableau ci-après.
Tableau 5 : Population de la commune de Niangoloko comparée à d’autres entités en 2006
Entités géographiques | Effectif de la population | Superficies (en km2) |
Densités | ||
Hommes | Femmes | Total | |||
Région des Cascades | 261 368 | 270 440 | 531 808 | 18405 | 28,89 |
Province de la Léraba | 59 915 | 64 365 | 124 280 | 2 808 | 44,26 |
Province de la Comoé | 201 453 | 206 075 | 407 528 | 15 597 | 26,13 |
Ville de Niangoloko | 11 253 | 11 253 | 22 310 | ||
Villages rattachés | 15 592 | 16 236 | 31 828 | ||
Commune de Niangoloko | 26 845 | 27 293 | 54 138 | 2 880 | 18,80 |
Source : INSD/RGPH, 2006
Sur la base du taux d’accroissement annuel moyen (TAAM) de 5,96% et suivant une hypothèse de croissance linéaire (c’est-à-dire sans catastrophes naturelles ou humaines), une projection de la population à l’horizon 2025 permet d’apprécier l’état de la dynamique démographique de la commune, comme indiqué dans le tableau qui suit.
Tableau 6 : Projection de la population de la commune de Niangoloko sur la période 2006-2025
Années | 2006 | 2010 | 2015 | 2017 | 2020 | 2025 |
Population projetée | 54 138 | 67 360 | 88 517 | 99 719 | 116 320 | 152 855 |
Source : INSD/RGPH, 2006, projection 2025
La projection linéaire révèle qu’en 2025, la population de la commune serait de 152 855 habitants ; soit 2,82 fois son effectif de 2006. En 2017, la population de la commune est estimée à 99 719 habitants répartis entre 17 495 ménages. Sur la base toujours du taux de croissance de 5,96%, une telle croissance de la population aura sans doute des conséquences en termes d’occupation de l’espace, de logements, d’accès aux services sociaux de base, etc.
2. La répartition spatiale de la population
La population de la commune est répartie entre l’agglomération urbaine et le milieu rural. En 2017, la répartition spatiale de cette population se présente comme suit :
Tableau 7 : Répartition spatiale de la population de la commune en 2017
Localisation | Population 2006 | Population 2017 | Proportion 2017 |
Secteur 1 | 4 731 | 8 715 | 8,74 |
Secteur 2 | 3 272 | 6 023 | 6,04 |
Secteur 3 | 3 870 | 7 130 | 7,15 |
Secteur 4 | 1 020 | 1 875 | 1,88 |
Secteur 5 | 4 087 | 7 529 | 7,55 |
Secteur 6 | 1 936 | 3 570 | 3,58 |
Secteur 7 | 2 299 | 4 238 | 4,25 |
Secteur 8 | 542 | 3 236 | 1,00 |
Secteur 9 | 553 | 1 017 | 1,02 |
Ensemble secteurs | 22 310 | 43 303 | 41,21 |
Boko | 2 114 | 3 784 | 6,45 |
Dangouindougou | 1 956 | 3 602 | 6,14 |
Diéfoula | 1 911 | 3 422 | 5,84 |
Folonzo | 1 997 | 3 575 | 6,10 |
kakoumana | |||
Karaborosso | 1 096 | 1 962 | 3,35 |
Kimini | 3 186 | 5 704 | 9,73 |
Koutoura | 3 017 | 5 811 | 9,91 |
Mitiéredougou | 2 676 | 5 092 | 8,69 |
Nofesso | 1 970 | 3 527 | 6,02 |
Ouangolodougou | 3 263 | 5 842 | 9,97 |
Tierkora | 749 | 1 341 | 2,29 |
Timperba | 3 181 | 5 695 | 9,71 |
Tondoura | 1 340 | 2 400 | 4,09 |
Yendéré | 3 372 | 6 868 | 11,72 |
Ensemble villages rattachés | 31 828 | 58 625 | 58,79 |
Commune de Niangoloko | 54 138 | 99 719 | 100 |
Source : Projections sur la base des données RGPH 2006, SOJO, 2017-2018.
Il ressort que la population est légèrement concentrée en zone rurale, soit 58,79%. Yendéré est le village le plus peuplé (11,72% de la population rurale), certainement à cause de sa position et surtout le fait qu’il abrite le poste de police de la frontière d’avec la Côte d’Ivoire. Il est suivi par le village de Ouangolodougou (9,97%) qui constitue une grande agglomération où existe un potentiel de terres arables et une diversité d’espèces fauniques. Le village le moins peuplé est celui de Tierkora (2,29%) où la population est presque composée d’autochtones. Il est suivi par le village de Karaborosso (3,35%) qui en fait serait un quartier de Koutoura.
Dans le noyau urbain, le secteur le plus peuplé est le secteur 1 qui abrite la chefferie coutumière avec une population représentant 8,7% de la population. Il est suivi par le secteur 5 (7,55%) à cause de la forte population des rapatriés installés dans le quartier Hong Kong Faso.
Dans l’ensemble, la densité globale est de 29,39 hab./ha en zone urbaine ; ce qui traduit une faible occupation de l’espace dans la ville de Niangoloko.
3. Les différents groupes ethniques et religieux
La commune de Niangoloko est composée d’une diversité d’ethnies issues de mouvements migratoires dans l’ensemble. Les Gouins constituent le groupe ethnique autochtone majoritaire (50%) et sont les détenteurs des pouvoirs traditionnels. D’autres groupes ethniques tels que les Mosse, les Dagara, les Dioula, les Lobi, les Peulh, les Gourounsi, les Samo, etc. y sont installés. C’est dire donc que la commune de Niangoloko constitue un véritable pôle attractif de toutes les populations.
Cette population composite a connu au fil des années une évolution aussi bien dans sa structuration (sexe, âge, réligion et groupe ethnique), que suivant sa répartition spatiale.
On constate d’une manière générale que le dioula (18,4 %) est la langue d’échange la plus parlée dans la commune tout comme dans l’ensemble de la région. Le cerma (30%) qui est la langue des autochtones, le mooré (16,4 %), le sénoufo (14,9 %), et le fulfuldé (5,7 %) sont également les langues les plus parlées.
Les regroupements ethniques engendrent quelquefois des difficultés de cohabitation, de rivalité et d’ethnocentrisme. Toutefois, des efforts de promotion sont déployés pour considérer ceux-ci
comme un facteur de brassage culturel, de partage et de cohésion sociale.
Sur le plan religieux, l’islam, l’animisme, le protestantisme et le catholicisme sont pratiqués sur toute l’étendue de la commune. Les musulmans sont les plus nombreux. Ils représentent plus de 65% de la population totale de la commune. Ensuite, viennent les catholiques (environ 20%), les animistes (plus de 17%) et les protestants (3%). Il ressort que les différentes communautés religieuses cohabitent pacifiquement et les leaders répondent favorablement aux différentes sollicitations de l’administration communale.
4. Les mouvements migratoires de la population
La région des Cascades est la quatrième région au niveau national qui enregistre un solde migratoire interne positif de l’ordre de 49 240 après respectivement les régions du Centre (389 642), des hauts-bassins (119 846) et du Centre-Nord (51 312). La commune de Niangoloko constitue la plus importante frontière de la région, voire du pays avec
la Côte d’Ivoire. Elle possède deux frontières, le poste de police de Yendéré (763 939 entrées et sorties en 2014) et la gare ferroviaire SITARAIL (145 421 entrées et sorties en 2014). A elles seules, elles constituent la plus importante frontière du Burkina Faso en terme de flux migratoire (966 950) aussi bien du côté des entrées que des sorties, loin devant leurs concurrentes de :
Aéroport de Ouagadougou (354 951 en 2014) ; Cinkansé (frontière du Togo, 325 651 en 2014) ; Kantchari (frontière du Niger, 249 309 en 2014) ; Koloko (frontière du Mali, 244 175 en 2014) ; Nadiagou.(frontière du Bénin, 171 388 en 2014) ; Faramana (frontière du Mali, 147 210 en 2014) et Dakola (frontière du Ghana, 145 347 en 2014).
Depuis les années 1960, Niangoloko, zone frontalière, connaît deux types de mouvements migratoires de la population.
L’immigration
Le premier mouvement concerne l’immigration liée en premier lieu aux aléas climatiques (sécheresse, vagues de chaleur) que le Burkina Faso a vécus dans les années 1970. La commune (avant département) bénéficiant de conditions climatiques attrayantes (pluviométrie abondante) et d’importantes réserves foncières (accessibilité facile, fertilité des sols) à cause de la faible densité humaine en cette période (5,03 hbts/km2 en 1975 et 6,8 hbts/km2 en 1985), elle a attiré un flux de migrants de l’intérieur du pays, fuyant les conditions climatiques dramatiques. Les premières vagues migratoires en destination de la zone ont commencé après les sécheresses de 1973-1974 ; elles ont été suivies, une décennie plus tard, d’une autre vague consécutive à la sécheresse de 1983. Les migrants de cette période provenaient directement du plateau central (couvrant le Yatenga, le Sanmatenga, le Boulkiemdé, le Passoré, le Kadiogo et l’Oubritenga) qui se sont installés surtout dans le chef-lieu du département (Niangoloko). Vers la fin de la décennie, un autre flux a émergé en provenance de l’ancienne zone cotonnière du pays, à savoir provinces du Mouhoun, des Banwa, du Tuy, des Balé, du Houet et le nord du Kénédougou.
Le retour massif des rapatriés de la Côte d’Ivoire constitue en second lieu et actuellement le principal facteur d’immigration des populations dans la commune. En effet, à partir de la fin des années 1990, le retour des Burkinabé en provenance de Côte d’Ivoire a pris une subite ampleur. D’abord, après les affrontements de Tabou en 1999 et suite au déclenchement de la rébellion en 2002, les Burkinabé de Côte d’Ivoire, dont le pays fut considéré comme une base arrière des rebelles, sont accusés de complicité avec les rebelles, voire traités d’« assaillants ». Devenus donc la cible des attaques des milices progouvernementales (les patriotes) et des forces régulières dans les zones sous contrôle loyaliste, nombre d’entre eux ont été contraints de fuir pour rejoindre le Burkina Faso. Qualifiés de “rapatriés d’urgence”, ils se sont installés en grande majorité, contrairement aux prévisions, dans des provinces dont ils n’étaient pas originaires. Initialement envisagée par les autorités comme une zone de transit pour les rapatriés, comme d’ailleurs toutes les zones frontalières, la commune de Niangoloko a vite été transformée en destination finale. De nombreux rapatriés vont utiliser le tutorat et le mouvement associatif pour s’installer à Niangoloko et dans les différents villages (en se disant, « je suis arrivé au Faso »).
Avec ces nouveaux arrivés ajoutés aux migrants « climatiques », la population de la commune va connaître une augmentation spectaculaire de 35,40% entre 1975 et 1985, 54,64% de 1985 à 1996 et enfin 78,30% entre 1996 et 2006.
Ce flux migratoire, voulu ou forcé, a certainement des impacts sur la dynamique de la commune sur plusieurs plans, outre l’augmentation spectaculaire de la population.
L’occupation spatiale et la question foncière
Le retour massif des compatriotes a engendré la création de quartiers spontanés autour du noyau urbain de Niangoloko et des villages administratifs de la commune.
- Le quartier Tabou
Dans la ville de Niangoloko, les rapatriés se sont établis massivement dans les secteurs 1, 3 et 5. Ces concentrations ont entraîné des extensions au secteur 3 avec la création du quartier Tabou 1 et 2. Situé au nord-ouest de la commune, ce site a accueilli des vagues successives de migrants : initialement, ceux qui ont fui les affrontements intercommunautaires de la région de Tabou dans le sud-ouest ivoirien en septembre 1999 et ceux qui ont été rapatriés suite au déclenchement de la rébellion en septembre 2002.
L’appellation du quartier « Tabou » a été donnée en mémoire des familles en provenance de Tabou “Quand nous sommes arrivés ici, tout le monde savait que nous venions de Tabou. Quand on voulait voir des autorités, on se présentait comme ceux qui sont venus de Tabou ; quand il y avait une convocation pour nous par les autorités, c’était par « ceux qui venaient de Tabou » qu’on nous désignait. C’est également la même chose avec les habitants qui désignaient notre zone par le nom « Tabou ». C’est comme cela que nous-mêmes, on a fini par désigner la zone, sinon ce n’est pas nous qui avons eu l’initiative » (Zongo M., 2009).
- Le quartier Hong-Kong Faso, images de l’anarchie
Située à la périphérie sud-ouest de la commune, Hong- Kong Faso est une zone non lotie au secteur 5. De fortes concentrations de rapatriés arrivés suite au déclenchement de la rébellion s’y trouvent. Le site a d’abord été baptisé Pélésie, au regard de l’importance numérique de ceux qui venaient de cette localité de la Côte d’Ivoire (ouest), mais suite aux protestations des autochtones, il a été rebaptisé Hong Kong Faso, eu égard à l’anarchie des installations. En effet, c’est un véritable bidonville au regard du mode d’occupation de l’espace, du type de construction (en banco) des maisons, de l’insalubrité et de l’effectif pléthorique de la population résidante.
L’implantation humaine dans ces zones spontanées engendre sans doute des problèmes d’insalubrité, d’hygiène, des besoins en eau potable, en santé, en éducation, en réseaux d’assainissement et d’évacuation des eaux pluviales, d’éclairage publique etc.
Source : Crédits photographiques de K. HEMA, octobre 2018 Par ailleurs, ces zones sont exposées à l’insécurité (vol, braquage, coupeurs de route, etc.) que
certains attribuent aux rapatriés.
o L’apparition des hameaux de culture en milieu rural
Le retour massif des rapatriés de Côte d’Ivoire a aussi engendré la création de nombreux hameaux de culture dans la commune. La création de ces hameaux de culture a généralement un rattachement administratif précis, mais ce n’est pas toujours le cas comme l’illustre la situation de Sanmatenga créé dans les années 1990 par des migrants en provenance de la vieille zone cotonnière. Officiellement rattaché au village administratif et au terroir de Mitiérédougou, ce hameau de culture se situe en réalité à l’intersection des terroirs de quatre villages administratifs (Toundoura, Koutoura, Tounoura et Mitiéridougou). À l’arrivée des rapatriés en 2002, suite aux interventions des autorités administratives auprès des pouvoirs coutumiers pour faciliter leur insertion, les quatre villages ont cédé chacun une portion de leur terroir dans la zone où étaient déjà installés les migrants en provenance de la zone cotonnière. Le hameau compte de nos jours plus de 1000 habitants. Il se pose des problèmes de gestion et d’occupation des terres, de cohabitation, de filiation ou de soumission (due à l’appellation en langue mooré de la plupart des hameaux de culture crées), entre autochtones et migrants pour les différents besoins.
Par ailleurs, la progression rapide des transactions foncières monétarisées pourrait conduire, d’une part, les détenteurs des droits fonciers coutumiers au retrait de terres attribuées selon les modalités traditionnelles, d’autre part, à l’apparition de pratiques opportunistes chez certains d’entre eux, consistant à vendre le terrain à plusieurs personnes ou à amputer des superficies déjà vendues (comme cela se fait déjà). Si l’insécurité foncière frappait initialement les premiers migrants dans la zone, elle finira, à travers ces pratiques, par toucher tous les migrants, y compris les rapatriés eux-mêmes, d’où l’assise d’un mécanisme efficient de gestion foncière au niveau de l’autorité administrative.
Le développement de l’économie communale
L’économie de la commune de Niangoloko, outre l’agriculture et l’élevage, est tributaire des activités générées par la gare ferroviaire et le poste de douane auxquels s’ajoute le marché à bétail.
Suite à l’ouverture des frontières après la crise de 2002, l’installation des rapatriés de Côte d’Ivoire a fortement contribué à la relance de l’économie de la commune aussi bien dans le noyau urbain que dans les villages.
En ville, on assiste à l’ouverture de boutiques et la création de petits commerces : vente de quincaillerie, de vêtements, de matériaux de construction, boulangerie (boulangerie Santa au secteur 5, boulangerie nouvelle au secteur 2 et boulangerie Wend konta située au secteur 3), stations d’essence (03 aux secteurs 2 et 5), lieux de distraction, vente de céréales, etc.).
En zone rurale, les marchés se sont développés. Les liaisons entre Niangoloko, les villages de la commune, voire les communes voisines, se sont développées à cause de l’émergence des marchés ruraux. De nouvelles opportunités de commerce ont émergé à la fois pour les rapatriés installés dans les villages et les commerçants itinérants basés à Niangoloko. Si, dans l’ensemble, chaque village dispose dorénavant d’un marché (même s’il n’est pas construit ou aménagé), ceux de Boko, de Kimini ou de Timperba, de Ouangolodougou, par leur importance, attirent les populations des communes et villages voisins du nord de la Côte d’Ivoire.
C’est dire donc que la contribution des rapatriés et des migrants de retour de Côte d’Ivoire à la dynamisation et à l’animation de l’économie locale a été significative.
La prolifération des associations
La dynamique sociale des rapatriés et migrants de retour de Côte d’Ivoire et de l’intérieur du Burkina Faso se caractérise par une prolifération d’associations et de groupements polarisés autour de la distinction migrants moosé et les autres.
En effet, chez les migrants, de nombreuses associations renvoient aux provinces d’origine (ressortissants de Yatenga, ressortissants de Kaya, du Boulkiemdé, etc.) auxquelles s’ajoutent des associations à vocation plus fédérative comme l’association Buud nooma. qui transcende les zones de provenance des migrants à travers la promotion de la solidarité.
Chez les autres (Dagara, Lobi, Gourounsi, Samo), on note plus de rapprochement avec les Senoufo (autochtones) notamment les Gouin qui peut s’expliquer par le fait des pratiques religieuses. Comme chez les autochtones gouin, le christianisme et/ou l’animisme dominent chez ces ethnies, contrairement aux migrants moosé principalement musulmans.
Cependant, la polarisation migrants moosé et autochtones éclipse de fait une compétition plus feutrée sur le plan politique, où l’importance numérique des migrants moosé, associée à leur organisation, aurait suscité à un moment donné chez les autochtones, des craintes de perte du contrôle politique et administratif de leur territoire. Ces craintes ont été effectivement renforcées par les velléités d’autonomie de certains hameaux de culture numériquement plus importants que les villages de rattachement et la volonté manifeste des moosé d’installer des chefs coutumiers et des forces de défense et de sécurité appelées Koogwelgo. C’est le cas du village de Léraba qui cherche à s’émanciper du contrôle administratif du village Dangouindougou, de Sanmatenga qui veut se détacher de Mitiérédougou.
L’émigration
Elle est caractérisée surtout par le départ des jeunes en direction de la Côte d’Ivoire au regard de la proximité et Bobo-Dioulasso, Ouagadougou et la zone de l’Est du Burkina Faso (Bitou, Nadiagou) à la recherche d’emplois rémunérateurs et du mieux- être. Ce mouvement a connu un accroissement important en 2002 suite à la fermeture des frontières ivoiro-burkinabè due aux différentes crises survenues. L’arrêt du trafic ferroviaire et routier, entraînant la fermeture de la gare et du poste de douane a engendré un brusque arrêt des activités après l’intensification du trafic pendant les premières semaines des affrontements en Côte d’Ivoire (à cause de l’afflux de rapatriés). En effet, selon le témoignage d’un des responsables du syndicat des transporteurs (Zongo M., 2009), avant le déclenchement de la rébellion, entre 70 et 100 cars et poids lourds transitaient quotidiennement par le poste de douane. Mais entre 2003 et 2006, le tronçon a été délaissé au profit des corridors ghanéen, togolais et béninois puisque aucun trafic ne s’y opérait. L’arrêt des activités économiques informelles communément « traites ») a donc poussé de nombreux jeunes (dockers, transitaires pour la plupart) à rejoindre les corridors ghanéen, togolais et béninois où ils travaillent toujours malgré la reprise des activités à Niangoloko.
En somme, on note que la population de Niangoloko émigre très peu en dehors des liens séculaires avec la Côte d’Ivoire qui font que certaines personnes se retrouvent de l’autre côté de la rive dans
l’intention de sauvegarder les liens familiaux.
L’indice de sortie de la commune se confond à celui de la province de la Comoé à l’intérieur de la région qui est de 0,5% (ou 0,005). Par opposition, l’indice de rétention vaut 99,5%, ce qui sous-entend, d’après la définition retenue de la migration durée de vie, que les natifs de la commune migrent peu.
En résumé, le mouvement démographique présente des forces, des opportunités mais également des faiblesses et des menaces pour le développement socio-économique de la commune. Il convient d’en tenir compte au regard des perspectives de développement.
5. Les perspectives d’évolution de la population d’ici à 2023
Les projections démographiques à l’horizon 2023 sur la base du taux annuel de croissance linéaire 5,96% permettent de cerner l’évolution de la population.
Tableau 8: Evolution de la population de la commune urbaine de Niangoloko de 2017 à 2023
Localisation | Population | |||||||||||||
2017 | 2018 | 2019 | 2020 | 2021 | 2022 | 2023 | ||||||||
Secteur 1 | 8 | 715 | 9 | 234 | 9 | 785 | 10 | 368 | 10 | 986 | 11 | 641 | 12 | 334 |
Secteur 2 | 6 | 023 | 6 | 382 | 6 | 762 | 7 | 165 | 7 | 592 | 8 | 045 | 8 | 524 |
Secteur 3 | 7 | 130 | 7 | 555 | 8 | 005 | 8 | 482 | 8 | 988 | 9 | 524 | 10 | 091 |
Secteur 4 | 1 | 875 | 1 | 987 | 2 | 105 | 2 | 231 | 2 | 364 | 2 | 504 | 2 | 654 |
Secteur 5 | 7 | 529 | 7 | 978 | 8 | 453 | 8 | 957 | 9 | 491 | 10 | 057 | 10 | 656 |
Secteur 6 | 3 | 570 | 3 | 783 | 4 | 008 | 4 | 247 | 4 | 500 | 4 | 768 | 5 | 053 |
Secteur 7 | 4 | 238 | 4 | 491 | 4 | 758 | 5 | 042 | 5 | 342 | 5 | 661 | 5 | 998 |
Secteur 8 | 3 | 236 | 3 | 397 | 3 | 600 | 3 | 814 | 4 | 041 | 4 | 282 | 4 | 537 |
Secteur 9 | 1 | 017 | 1 | 078 | 1 | 142 | 1 | 210 | 1 | 282 | 1 | 358 | 1 | 439 |
Ensemble secteurs | 43 | 303 | 45 | 884 | 48 | 619 | 51 | 516 | 54 | 587 | 57 | 840 | 61 | 287 |
Boko | 3 | 784 | 4 | 010 | 4 | 249 | 4 | 502 | 4 | 770 | 5 | 055 | 5 | 356 |
Dangouindougou | 3 | 602 | 3 | 711 | 3 | 932 | 4 | 167 | 4 | 415 | 4 | 678 | 4 | 957 |
Diéfoula | 3 | 422 | 3 | 625 | 3 | 841 | 4 | 070 | 4 | 313 | 4 | 570 | 4 | 842 |
Folonzo | 3 | 575 | 3 | 788 | 4 | 014 | 4 | 253 | 4 | 507 | 4 | 775 | 5 | 060 |
kakoumana | 1 | 808 | 1 | 916 | 2 | 030 | 2 | 151 | 2 | 279 | 2 | 415 | 2 | 559 |
Karaborosso | 1 | 962 | 2 | 079 | 2 | 203 | 2 | 334 | 2 | 473 | 2 | 620 | 2 | 777 |
Kimini | 5 | 704 | 6 | 044 | 6 | 405 | 6 | 786 | 7 | 191 | 7 | 619 | 8 | 074 |
Koutoura | 5 811 | 5 723 | 6 064 | 6 426 | 6 809 | 7 214 | 7 644 |
Mitiéredougou | 5 092 | 5 076 | 5 379 | 5 699 | 6 039 | 6 399 | 6 780 |
Nofesso | 3 527 | 3 738 | 3 960 | 4 196 | 4 446 | 4 711 | 4 992 |
Ouangolodougou | 5 842 | 6 191 | 6 560 | 6 951 | 7 365 | 7 804 | 8 269 |
Tierkora | 1 341 | 1 421 | 1 505 | 1 595 | 1 690 | 1 791 | 1 898 |
Timperba | 5 695 | 6 034 | 6 394 | 6 775 | 7 179 | 7 607 | 8 060 |
Tondoura | 2 400 | 2 543 | 2 694 | 2 855 | 3 025 | 3 205 | 3 396 |
Yendéré | 6 068 | 6 237 | 6 779 | 7 183 | 7 611 | 8 064 | 8 545 |
Ensemble villages rattachés | 58 625 | 62 296 | 66 009 | 69 943 | 74 112 | 78 529 | 83 209 |
Commune de Niangoloko | 99 719 | 108 180 | 114 628 | 121 459 | 128 699 | 136 369 | 144 496 |
Source : INSD, SOJO 2018, Population projetée à partir du fichier villages des Cascades du RGPH 2006
Au regard de l’évolution de la population, des efforts doivent être consentis pour espérer faire face aux besoins éventuels aussi bien en milieu urbain qu’en milieu rural.