Eau – Assainissement
L’eau potable et l’assainissement
1. Situation de l’approvisionnement en eau potable
L’adduction d’eau potable (AEP) dans la commune de Niangoloko provient essentiellement (100%) de l’eau souterraine à partir de forages. En milieu urbain, ce système d’AEP classique s’appuie sur un château d’eau de 60 m3, 15 forages et 43 bornes fontaines pour alimenter toute la ville (services, habitations, lieux d’activités commerciales et récréatives). En milieu rural, les populations s’approvisionnent généralement auprès des points d’eau modernes (PEM) notamment les forages équipés de pompes manuelles et des puits à grand diamètre.
En 2015, 190 PEM étaient fonctionnels sur les 226 inventoriés (MINEFID, DGDT, 2015) et représentés sur la carte suivante.
Il ressortait un taux de fonctionnalité de 84,1% des points d’eau modernes en milieu rural.
En 2016, les taux bruts d’accès des ménages à l’eau potable étaient de 52,2% en ce qui concerne le milieu rural et semi-urbain (INOH, 2016) et de 78% pour le centre urbain (ONEA, 2016), ce qui donne un taux moyen d’accès de 65,1% à l’eau potable. 34,9% des ménages continuent donc d’utiliser des sources d’eau non potable.
Selon les sources d’approvisionnement, la situation de l’accès au service d’eau potable est la
suivante :
- 5% des ménages s’approvisionnent aux puits ;
- 22,2% aux Pompes à motricité humaine (PMH) ;
- 21,5% aux bornes fontaines publiques ;
- 14,8% aux branchements particuliers ;
- 36,5% aux sources non potables notamment les marigots, les plans d’eau, les boulis.
Dans les établissements d’éducation et de santé, les taux d’équipement en points d’eau potable sont respectivement de 37% au niveau des écoles primaires9 et de 100%10 au niveau des centres de santé en 2017 (PSC-AEPA, juin 2017).
En 2018, le niveau de satisfaction des ménages des services d’eau potable en milieu urbain est appréciable avec 72% des ménages faisant usage des branchements privés et 96% des usagers utilisant les bornes fontaines11. Ces niveaux de satisfaction sont respectivement de 95% pour les usagers de PMH et de 100% pour ceux des AEPS où le service est assuré par des bornes fontaines12. Le tableau qui suit permet de constater l’évolution de la production d’eau potable fournit par l’Office National de l’Eau et de l’Assainissement (ONEA) de 2012 à 2017.
Tableau 16: Evolution de la production et de la consommation d’eau potable entre 2012 et 2017
2012 | 2013 | 2014 | 2015 | 2016 | 2017 | |
Production en eau brute | 239 268 | 272 934 | 294 597 | 321 159 | 359 524 | 380 420 |
Consommation totale en m3 | 210 799 | 223 204 | 247 933 | 269 384 | 256 696 | 311 820 |
Nombre d’abonnés | 982 | 1 133 | 1 256 | 1 426 | 1 526 | 1 665 |
Source : Agence ONEA/Niangoloko, septembre 2018
Suivant le tableau, on note une évolution moyenne de 125 ménages qui s’abonnent par an au réseau ONEA. Cependant, ce nombre reste insuffisant au regard du nombre de ménages total vivant en milieu urbain.
Les résultats de l’enquête menée auprès des ménages en milieu urbain pour l’élaboration du présent PCD et présentés par le graphique suivant permettent de cerner les sources d’approvisionnement en eau potable pour les différents besoins quotidiens.
- Rapport CRP/PNAEPA – 2016.
- Rapport diagnostic : Inventaire des ouvrages d’AEPA au niveau des centres de santé. Mai – juin 2017.
- Rapport diagnostic : résultats de l’enquête ménage. Mai – juin 2017.
- PSC-AEPA.
Il ressort que les populations en milieu urbain s’approvisionnent plus en eau potable auprès de l’ONEA (74% des ménages enquêtés). Cependant, les ménages déplorent le coût du branchement jugé élevé : 30 500 FCFA pour un coût subventionné et 122 000 FCFA pour un coût non subventionné. 23% des ménages enquêtés utilisent l’eau des forages contre 11% qui s’approvisionnent dans les puits. Il est ressorti également que 2% des ménages utilisent l’eau de cours d’eau et de boulis surtout pour la lessive.
Cependant, en termes de spatialité, on note que tous les secteurs ne sont pas totalement desservis par l’ONEA. C’est le cas des secteurs 6, 8 et 9 et les quartiers non lotis où les populations s’approvisionnent dans les bornes fontaines et les forages publics. Par ailleurs, la pérennité de l’approvisionnement de l’eau potable n’est pas assurée, toute chose qui invite à plus d’efforts pour satisfaire les besoins des citadins.
Les difficultés majeures rencontrées pour l’approvisionnement des ménages en eau potable sont :
– le déphasage entre les plans cadastraux et la réalité du terrain ;
– les coupures d’eau dues à des pannes techniques (fissure des tuyaux, panne des machines,
etc.);
– l’indisponibilité de la ressource eau en saison sèche à cause de la forte demande ;
– l’insuffisance du personnel technique (un seul agent technique) ;
– la vétusté du réseau.
L’objectif 6 des ODD et l’objectif stratégique 2.5 du PNDES qui visent à garantir l’accès de tous à l’eau et assurer une gestion durable des ressources en eau, demeure un idéal à atteindre impérativement aussi bien au niveau des entités rurales qu’au niveau des secteurs urbains et péri urbains de la commune
2.L’assainissement
Le domaine de l’assainissement concerne la gestion et l’évacuation des excrétas, des eaux usées,
des eaux de pluie et des déchets.
- Les excrétas
Sur l’ensemble du territoire communal, la gestion des excrétas constitue une réelle préoccupation, notamment au niveau des ménages à des proportions différentes selon le milieu de vie. En effet, en milieu rural, une forte proportion des ménages continue d’utiliser la nature comme lieu d’aisance privilégiée. Seuls quelques ménages disposent de latrines (traditionnelles) dans leurs domiciles. On note donc une persistance des vieilles habitudes liées à la défécation à l’air libre.
En milieu urbain, le problème est moins vécu. La plupart des ménages disposent d’un lieu aménagé pour les besoins d’aisance. Cependant, certaines personnes exploitent nuitamment les espaces non occupés (réserves administratives, espaces verts, parcelles non mises en valeur, etc.) comme lieu d’aisance.
Selon le PSC-AEPA (2018), l’accès aux services d’assainissement des excrétas des ménages
révèle :
- un taux de la défécation à l’air libre de 26,5% ;
- un taux de ménages équipés de latrines traditionnelles de 70,5% ;
- un taux d’accès aux ouvrages homologués de 22% ;
Au niveau régional, le taux d’équipement des ménages en ouvrages homologués est de 9,2%13, ce
qui est proche du taux en milieu rural.
En ce qui concerne l’équipement des lieux publics, lieux de culte, écoles primaires et centres de
santé, les taux d’équipements14 se présentent comme suit :
– 50% des gares et marchés de la ville sont équipés de latrines ;
– 100% des lieux de culte de la ville sont dotés de latrines dont 75% dotés de dispositifs de
lavage des mains ;
– 63% des écoles primaires de toute la commune disposent de latrines dont 33% dotés de
dispositifs de lavage des mains ;
– 100% des centres de santé de toute la commune disposent de latrines.
L’enquête menée auprès des ménages en milieu urbain dans le cadre du présent PCD donne la
situation suivante.
DREA Cascades, 2016
Rapport diagnostic – Inventaire des ouvrages d’AEPA. Mai – Juin 2017
Les résultats de l’enquête indiquent que 80% des ménages disposent d’un lieu d’aisance à domicile, 12% utilisent des latrines publiques et 8% satisfont leurs besoins dans la nature. Toutefois, le constat a montré que malgré le fait que les ménages disposent de lieux d’aisance à domicile, ceux-ci ne répondent pas tous aux normes requises en termes de garantie de sécurité, de protection de l’intimité des usagers et de rétention des odeurs. Par ailleurs, en cas de vidange, certains ménages profitent des pluies en saison pluvieuse pour vider leurs toilettes ; toute pratique qui engendre des nuisances et des désagréments pour l’environnement immédiat et les citadins.
- Les eaux usées
Que ce soit en milieu rural ou dans le noyau urbain, la commune ne dispose d’aucun système de collecte, de drainage et encore moins de traitement des eaux usées. Une telle situation oblige les citadins à des pratiques malsaines. En effet, les eaux usées sont rejetées soit dans les cours d’habitation des ménages, soit directement dans la rue ou sur les tas d’ordures en dehors de la concession. Certains ménages disposent de fosses septiques mais la quasi-totalité de celles-ci est creusée hors des concessions (au bord des rues) et souvent laissées à ciel ouvert. Aussi, les vidanges des fosses sont-elles essentiellement effectuées par les vidangeurs manuels et rarement par les camions de vidange. Toutes ces pratiquent engendrent la plupart du temps des flaques d’eau qui deviennent des lieux privilégiés de prolifération de vecteurs du paludisme et d’autres maladies.
- L’évacuation des eaux pluviales
Niangoloko ne dispose que de 300 mètres linéaires de caniveaux (DSTM, 2018) construits en 1999
à ciel ouvert au secteur 1 (côtés Est et Nord de l’ex-terrain de football et de la salle polyvalente).
Planche photographique 2: Caniveaux d’évacuation des eaux de pluies à Niangoloko
Sources : SOJO, enquête terrain, 2017, K. HEMA, octobre 2018
Au regard de la superficie du noyau urbain, on est tenté de dire que le réseau d’évacuation des eaux de pluies est inexistant. En effet, toutes les opérations de lotissements menées jusque-là n’ont pas pris en compte le volet de l’assainissement pluvial (collecteurs d’eau, canaux, caniveaux). Or, le noyau urbain de la commune est implanté dans une cuvette, donc exposé aux risques d’inondation dans ses parties sud, est et nord. Le manque ou l’insuffisance d’ouvrages d’évacuation des eaux pluviales contribue à la dégradation de l’environnement, de la voirie de l’aire urbaine et au difficile accès de certains secteurs et quartiers.
- La gestion des déchets solides
Les déchets solides proviennent généralement des activités domestiques, des marchés, des gares, des services, etc. Dans l’ensemble, le péril lié aux sachets plastiques est le plus élevé. L’observation directe sur le terrain et les enquêtes auprès des ménages laissent entrevoir quatre situations.
Au niveau de l’autorité communale, il n’existe pas de schéma directeur de gestion des déchets. Autrement dit, la commune ne dispose pas d’un système organisé de collecte, de stockage, de traitement et de valorisation des déchets. Il n’existe ni de ressources humaines qualifiées et commises à la tâche, ni de matériels et de logistique (camions-bennes, pèles, bacs publics, etc.), ni de site aménagé pour le stockage, le traitement et la valorisation des déchets. Une telle situation laisse entrevoir une non prise en compte de la gestion des déchets surtout dans le noyau urbain de la commune.
Au niveau des citadins, la gestion et l’évacuation des ordures se font des concessions aux lieux publics. En effet, selon l’enquête menée, les ménages ont recours à plusieurs pratiques pour l’évacuation de leurs ordures. Le graphique suivant présente le mode d’évacuation des ordures par les ménages en milieu urbain.
Le graphique montre que les ménages utilisent trois options majeures pour l’évacuation de leurs ordures : une poubelle hors de la cour (32%), rejet dans une parcelle non encore viabilisée (31%), une poubelle dans la cour (21%). Deux autres options intermédiaires sont évoquées : rejet dans les réserves et espaces verts (13%) et autres pratiques non clarifiées qui peuvent se résumer au rejet dans la rue (11%).
Une troisième option qui concerne les décharges publiques est également mentionnée (7%).
Planche photographique 3 : Rejet anarchique des ordures ménagères
Source : Crédits photographiques de K. HEMA, octobre 2018
Ces différents indicateurs des pratiques corroborent l’insuffisance du système communal de gestion et d’évacuation des déchets. En effet, l’insuffisance voire le manque de décharges publiques dans les secteurs de la ville amène les citadins à passer des pratiques « inciviques » pour se débarrasser de leurs ordures ; ce qui a sans doute des conséquences néfastes sur l’environnement urbain en termes d’insalubrité, de nuisances et partant la prolifération des maladies.
Au niveau des services de santé, la production des déchets n’est pas à négliger. Il s’agit des emballages (cartons, papiers, sachets plastiques, verres) et déchets biomédicaux (compresses, seringues, coton, lames, pansement, etc.). Ces déchets sont produits par le CM et les CSPS. Comme mode de gestion et d’évacuation, l’essentiel de ces déchets est détruit par incinération.
Au niveau du privé, il existe une organisation timide qui s’investit dans l’enlèvement et l’évacuation des ordures ménagères. Elle intervient surtout dans les secteurs centraux (1, 2, 3 et 4,) de la ville de Niangoloko. Au regard de la modicité de ses moyens matériels (charrettes à traction asine), cette association n’arrive pas à satisfaire les citadins qui sont pourtant disposés à s’abonner et à payer mensuellement pour l’évacuation de leurs ordures (88% des ménages enquêtés).
En somme, l’autorité communale gagnerait à élaborer un schéma directeur de gestion des déchets dans le noyau urbain de la commune et à inciter le privé à s’investir davantage dans l’enlèvement et la valorisation des déchets afin de permettre aux citadins de disposer d’un cadre de vie sain. En tout état de cause, la réussite de tout projet de développement passe nécessairement par l’épanouissement des hommes dans son sens le plus large. L’assainissement du cadre de vie est donc un élément incontournable dans le processus de mise en œuvre et la réussite du PCD