L’agriculture, l’arboriculture et le maraîchage
Dans la province de la Comoé, l’activité agricole constitue la première source de revenus pour la majorité des habitants. Dans la commune de Niangoloko, environ 85% des ménages vivent de l’activité agricole soit directement à travers la production, soit indirectement à travers la commercialisation. Cela est rendu possible grâce aux énormes potentialités agricoles du milieu, les systèmes et moyens de production utilisés par les acteurs.
1. L’agriculture : Systèmes, spéculations et moyens de production
A l’instar des autres communes de la région des Cascades, le système agricole extensif est le plus pratiqué
dans la commune de Niangoloko. L’intensification agricole peine à prendre forme.
Les populations s’intéressent plus aux cultures vivrières et de rente comme le coton. Les produits céréaliers comme le maïs, le riz, le sorgho et le mil et les tubercules (igname, manioc, patate) sont les plus cultivés même si les superficies emblavées qui leur sont consacrées sont très infimes comparées aux potentiels de terres arables disponibles.
En termes d’accès à la ressource foncière, la femme reste marginalisée. Elle a un droit d’usage qui lui est conféré soit par le lien de parenté, soit par le lien de lignage. Cependant, elle jouit rarement ou jamais d’un droit de propriété. Selon les autorités coutumières, la femme a plutôt accès aux terres de bas-fond pour la culture du riz.
Quant aux moyens de production, ils sont essentiellement constitués dans la majorité des cas
d’outils archaïques tels la daba, la houe, la machette. L’outillage semi-moderne (charrues asine et
bovine, tracteurs) est promu mais en nombre insuffisant et inaccessible à tous.
Les acteurs du secteur travaillent soit en cellules familiales, soit en groupements, soit en unions.
Ils sont appuyés par 03 agents dont 01 Chef de Zone d’Appui Technique (ZAT) et 02 Chefs d’Unité
d’Appui Technique (UAT).
2. Les productions céréalières et de rente
Grâce aux conditions climatiques et pédologiques propices, les agriculteurs de la commune
produisent une diversité de spéculations comme énoncé plus haut. On a d’une part les productions
céréalières et d’autre part, les productions de rente.
- Les productions céréalières
La production céréalière des cinq dernières années a évolué en dents de scie et ce en fonction de la pluviométrie et d’autres aléas tels que les ravages causés par les chenilles légionnaires et d’autres insectes. De 2013 à 2017, la production céréalière s’élève à 153 379,2 tonnes. Durant la campagne 2016-2017, la production céréalière a donné les résultats suivants : le maïs (30570 tonnes), le riz de bas-fond (5559 tonnes), le riz pluvial (2213,3tonnes), le sorgho (1425 tonnes) et le mil (37,8 tonnes). Le graphique suivant permet de mieux cerner l’évolution des différentes productions céréalières entre 2013 et 2017.
Graphique 6 : Evolution de la production céréalière de 2013-2017
Source : ZAT Niangoloko, 2017
Le graphique indique que les rendements dans la production céréalière ont sensiblement baissé en passant de 9 400kg/ha entre 2013 et 2014 à 9 100kg/ha entre 2015 et 2017. Quant à la production céréalière totale annuelle, elle présente une évolution irrégulière sur la période considérée. Elle culmine en 2014 à 46.938,5t mais atteint son niveau le plus bas en 2015 avec 19.055,5 t avant de connaître une augmentation en 2016 et 2017.
- Les productions de rente
Les cultures de rente occupent également une place importante dans l’agriculture au niveau de la
commune de Niangoloko tout comme au niveau régional. Au premier rang se trouve le coton suivi
du sésame, de l’arachide, du niébé, du soja et de l’anacarde.
Le coton a toujours été le moteur de développement socio-économique des cellules familiales, des villages, des communes et partant de tout le Burkina Faso. Mieux, il se confirme comme étant la principale source de revenu monétaire du monde rural. De ce point de vue, l’expansion de la culture cotonnière contribue sans conteste à réduire la pauvreté et à générer des emplois dans notre pays car le coton constitue 35% du PIB. Toutefois, la production de cette spéculation connaît un recul ces dernières années à cause de la baisse de son prix d’achat par la SOFITEX, les ravages des éléphants et la qualité des graines reçues par les paysans.
L’évolution de la production de rente entre 2013 et 2016 se présente comme suit.
La production de rente connait une croissance annuelle de 2013 à 2016 en passant de 8 743,8t à14 749,8t en 2016. On constate que les rendements sont relativement stables. Ils sont passés de 4600kg/ha en 2013 et 2014 à 3 969kg/ha en 2016.
Outre les productions céréalières et de rente, on note la pratique du maraîchage dans la commune. Il se pratique généralement en saison sèche autour des plans d’eau et dans quelques bas-fonds. Les parcelles individuelles (ou familiales) y sont de petite taille variant entre 150 et 400 m2. Les spéculations les plus cultivées sont l’oignon, le chou, la tomate, l’aubergine, la laitue, les carottes. La plupart de ces produits sont destinés au marché local de Niangoloko. Les modes d’exploitation sont assez rudimentaires (daba, houe, repiquage et arrosage manuel). Seuls quelques exploitants privilégiés disposent de moto pompe. L’activité est, somme toute, assez lucrative et rapporte des revenus intéressants aux maraîchers
En somme, les productions céréalières et de rente couvrent les besoins surtout alimentaires des populations de la commune. Mieux, on note un petit surplus qui transite par les marchés de la commune et qui s’écoule hors du territoire communal voire de la région des Cascades. Toutefois, il n’en demeure pas moins que le secteur agricole connaît des difficultés malgré les conditions climatiques et pédologiques favorables. Les contraintes majeures sont le faible niveau d’équipement des exploitants de la commune qui sont à peu près dans le même état que celles de toute la région. En plus du faible niveau d’équipement des producteurs, les autres contraintes sont :
- les dégâts causés par les animaux (bœufs et surtout les éléphants ces dernières années) ;
- la réduction des superficies emblavées due à la pression anthropique et à la baisse du prix d’achat du coton comparé au coût d’acquisition des intrants et de l’ampleur des travaux ;
- l’insécurité foncière due à la spéculation foncière ;
- les conflits avec éleveurs qui laissent divaguer les animaux dans les champs ;
- l’ensablement des cours d’eau ;
- l’insuffisance et la dotation tardive des engrais de qualité ;
- le faible appui technique dû à l’effectif très réduit des agents techniques ;
- la faible utilisation de la fumure organique due à l’insuffisance de vulgarisation des fosses fumières ;
- le manque de cadre de promotion et de vulgarisation des produits agricoles (unité communale de transformation, foire, symposium), etc.
D’une manière générale, la production agricole de la commune urbaine de Niangoloko arrive à couvrir les besoins alimentaires des populations. Elle est l’un des greniers du pays au regard de l’excédent de la production qui se dégage chaque année. Aussi, la situation géographique de la ville (carrefour) constitue un avantage certain pour la production et la commercialisation des différentes spéculations. Au regard donc de l’importance de l’activité agricole dans la commune, l’autorité communale et ses partenaires devraient accompagner les acteurs sur les plans technique, matériel voire financier afin qu’ils puissent améliorer leurs pratiques culturales en recourant à des équipements innovants surtout pour le traitement phytosanitaire et le maraîchage.
- L’arboriculture
Elle est beaucoup axée sur les espèces fruitières. En effet, elle concerne surtout les vergers de manguiers, d’orangers, d’anacardiers, de goyaviers, de bananiers, de papayers, d’avocatiers et de palmiers à huile. Il existe très peu de plantations à vocation commerciale (scierie) dans la commune.
Même si l’arboriculture n’occupe pas de très grandes superficies, les productions demeurent très satisfaisantes compte tenu de la fertilité des sols et de la pluviométrie très acceptable dans la zone. Les activités de production fruitière constituent par conséquent une importante source de revenus pour les paysans.
- Le maraichage
C’est une activité qui est très peu pratiquée dans la commune malgré le potentiel de la ressource en eau et la disponibilité des terres de bas-fonds. Il est pratiqué particulièrement en période sèche aux abords des retenues d’eau pérennes notamment le plans d’eau de Niangoloko, de Dangouindougou, de Koutoura et de Timperba.
C’est une activité qui contribue à combler le manque à gagner en termes de revenus et d’aliments. Les principales spéculations produites sont l’oignon, le chou, la tomate, le piment, le poivron, la laitue et le gombo. Celles-ci sont produites en petite quantité par des personnes solitaires. Les superficies emblavées sont très insignifiantes au regard au potentiel de bas-fonds aménageables. La présence de partenaires dans ce domaine (GIZ/ PIGO, GIZ/ PDA, GIZ/ PROSOL, etc.) devrait être saisie pour développer la culture maraichère dans la quête de l’autonomisation des acteurs (femmes, jeunes).